Récupérer sa voiture à la fourrière, ce n’est jamais une parenthèse anodine. Même victime d’un vol ou d’une erreur de l’administration, le propriétaire doit passer à la caisse avant de récupérer son véhicule. Impossible d’y couper : tant que les sommes dues ne sont pas réglées, le portail de la fourrière reste fermé. Toutefois, si l’enlèvement s’avère injustifié ou entaché d’une faute des autorités, une contestation peut, après-coup, permettre d’obtenir le remboursement. Mais ici, chaque commune, chaque situation, chaque infraction joue sa propre partition, créant des écarts marqués dans les procédures comme dans les montants à payer.
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Pourquoi un véhicule peut-il être envoyé à la fourrière ?
La mise en fourrière d’un véhicule ne relève jamais du simple hasard. Les forces de l’ordre agissent selon des règles précises pour ordonner l’enlèvement d’une voiture. Le cas le plus fréquent reste sans surprise : le stationnement abusif, que ce soit une voiture laissée trop longtemps au même endroit ou garée de façon gênante. Mais la liste des motifs ne s’arrête pas là.
Voici les principales situations où un véhicule risque la fourrière :
- Stationnement dangereux ou gênant : qu’il s’agisse d’un trottoir, d’un passage piéton, d’une piste cyclable ou d’une sortie de garage, ces emplacements sont particulièrement surveillés.
- Absence ou irrégularité de la carte grise lors d’un contrôle : une formalité négligée peut coûter cher.
- Abandon sur la voie publique : que ce soit après une panne ou un simple oubli, un véhicule laissé sans signalement attire vite l’attention.
- Entrave à la circulation : interventions lors d’événements, de marchés ou de chantiers, où la fluidité du trafic prime.
Dès qu’une infraction est relevée, le processus s’enclenche. Les agents dressent un procès-verbal et mandatent une société spécialisée. L’opération ne traîne pas : dès que les quatre roues quittent le sol, la procédure de fourrière devient irréversible, même si le propriétaire arrive à ce moment précis.
Peu après, une notification de mise en fourrière est adressée au titulaire du certificat d’immatriculation, généralement dans les trois jours. Ce délai légal n’est pas anodin : il garantit au propriétaire la possibilité de se défendre, de présenter ses arguments ou de déposer un recours si la mesure lui semble injuste.
Face à la diversité des situations, stationnement prolongé, absence de carte grise à jour, entrave à la circulation, il vaut mieux avoir les règles en tête. La moindre négligence peut vite conduire à un enlèvement express, avec tout le cortège de démarches et de frais qui l’accompagnent.
Frais de fourrière : à combien s’attendre selon votre situation
Dès l’entrée du véhicule en fourrière, l’addition commence à courir. Les frais de fourrière se composent de plusieurs lignes : enlèvement, garde journalière, frais d’immobilisation si nécessaire, et parfois frais d’opérations préalables (contrôle administratif, état des lieux).
En 2024, à Paris, l’enlèvement d’une petite citadine revient à 150,12 €. Chaque jour de garde ajoute 29 €. D’autres villes comme Lyon, Marseille ou Toulouse pratiquent des montants similaires, avec de légères différences selon la catégorie du véhicule. Si la voiture bloquait la circulation ou a nécessité un déplacement technique, comptez aussi des frais d’immobilisation (7,60 € à Paris).
Pour vous repérer, voici un résumé des principaux postes facturés :
- Enlèvement du véhicule : tarif forfaitaire, variable selon la ville et le type de voiture.
- Frais de garde journaliers : chaque jour entier en fourrière est facturé.
- Opérations préalables : inventaire, vérification des papiers, contrôle de l’état du véhicule.
La facturation débute dès que la voiture franchit les grilles de la fourrière. Attendre ne serait-ce qu’une journée supplémentaire alourdit la note. Si le véhicule n’est pas réclamé dans les délais, il peut être transmis au service des domaines, qui décidera d’une vente ou d’une destruction après évaluation. Quoi qu’il advienne, les frais engagés restent dus, y compris en cas de vente à l’État.
Les propriétaires de deux-roues ou de véhicules de plus de 3,5 tonnes doivent aussi vérifier les grilles spécifiques, disponibles en mairie ou sur le site de la préfecture. Les tarifs varient sensiblement selon la catégorie.
Qui doit payer les frais de fourrière ? Cas particuliers et exceptions
La règle ne laisse aucune place au doute : c’est au propriétaire enregistré sur la carte grise d’assumer les frais de fourrière. Dès l’enlèvement, la facture lui est adressée, qu’il ait été prévenu sur-le-champ ou qu’il reçoive la notification de mise en fourrière quelques jours plus tard. La personne titulaire du certificat d’immatriculation porte la responsabilité, même si elle n’était pas au volant lors de l’infraction.
Certaines situations compliquent la donne. Après une vente de véhicule non déclarée immédiatement, l’ancien propriétaire peut recevoir la facture. Ce cas arrive régulièrement lors de transactions entre particuliers, où l’enregistrement du changement de titulaire tarde. Les sociétés de location, elles, répercutent systématiquement les frais de fourrière à leurs clients, avec des frais de traitement supplémentaires.
Voici les exceptions les plus courantes à connaître :
- Véhicule volé : si le vol est signalé aux forces de l’ordre avant l’intervention de la fourrière, le propriétaire n’aura pas à régler les frais d’enlèvement. Déposer plainte rapidement s’avère donc décisif.
- Véhicule gagé ou saisi : le titulaire reste redevable des frais, mais selon le contrat, la société de financement peut intervenir.
Côté assurance, la prise en charge des frais de fourrière reste exceptionnelle. Seules quelques garanties très ciblées prévoient un remboursement, souvent limité et soumis à conditions. Il est donc recommandé de relire attentivement son contrat ; la plupart ne couvrent que le dépannage ou l’assistance, sans s’étendre aux frais de fourrière.
Récupérer son véhicule et contester les frais : démarches et recours possibles
Pour récupérer une voiture placée en fourrière, chaque minute compte. Dès réception de la notification de mise en fourrière, il faut se présenter à la préfecture ou au commissariat indiqué, muni du certificat d’immatriculation, d’une pièce d’identité et d’une attestation d’assurance en cours. Sans ces documents, aucune restitution possible. Le gardien réclame alors le paiement immédiat de tous les frais : enlèvement, immobilisation éventuelle, garde journalière, selon le barème propre à la ville.
En cas de contestation, notification tardive, mesure jugée injuste, il existe une procédure à suivre. Il faut d’abord envoyer une réclamation écrite à l’autorité ayant ordonné l’enlèvement, en exposant précisément les faits. Les justificatifs (notification, carte grise, preuves diverses) doivent être joints. Attention, le délai pour agir est court, souvent quinze jours à compter de la réception du courrier.
Si la réponse ne vous satisfait pas, le tribunal administratif reste la seule voie pour obtenir l’annulation de la décision ou le remboursement des sommes versées. Pour les voitures non récupérées, le service des domaines peut procéder à la vente ou à la destruction, mais le propriétaire garde un droit de réclamation, à condition de prouver sa bonne foi au moment de l’enlèvement. Les démarches en ligne deviennent plus courantes, mais il faut respecter à la lettre les délais et fournir tous les documents requis.
La fourrière ne pardonne guère l’improvisation. Entre procédures, délais et frais qui grimpent, chaque étape compte. Rater une notification, négliger un recours, oublier un justificatif… Et la facture s’alourdit, sans retour possible. Le meilleur réflexe ? Rester attentif aux règles, agir dès le premier courrier et, si besoin, défendre ses droits sans attendre.


