Voitures diesel : la construction automobile évolue-t-elle encore ?

En 2023, la part des voitures diesel neuves immatriculées en France est tombée sous la barre des 10 %, selon les données du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles. Pourtant, plusieurs constructeurs maintiennent des investissements dans la recherche sur les motorisations diesel, malgré un cadre réglementaire de plus en plus restrictif.

Certaines collectivités locales continuent d’accorder des dérogations pour les flottes professionnelles, alors même que les zones à faibles émissions se multiplient. Ce paradoxe alimente l’incertitude autour de la place du diesel dans la stratégie industrielle des fabricants.

Le diesel face à la transition automobile : où en est-on vraiment ?

Impossible d’ignorer le repli spectaculaire du diesel sur le marché automobile français. En 2023, sa part dans les ventes de voitures neuves s’est effondrée, passant sous les 10 %, selon le CCFA. Pourtant, le chapitre n’est pas clos. Sur le marché de la seconde main, le diesel garde la cote auprès des gros rouleurs, des professionnels, et de tous ceux qui avalent les kilomètres sans compter, preuve que la sobriété du diesel séduit encore.

Un paradoxe s’invite dans les chiffres de l’occasion : dans les grandes villes, la cote des modèles diesel est en chute libre, laminée par l’essor des zones à faibles émissions. Mais ailleurs, là où la voiture reste indispensable et où l’économie prime, le diesel résiste. L’offre reste vaste, notamment pour les familles, les artisans, les commerciaux. Même les compagnies d’assurance ajustent leurs tarifs, anticipant la demande et les restrictions à venir.

Les statistiques le confirment : sur certains segments, le diesel conserve des atouts indéniables. Utilitaires légers, SUV familiaux, berlines taillées pour la route, sur ces créneaux, il s’accroche. En Europe, l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne n’ont pas encore tiré un trait définitif sur ce carburant. En France, le virage réglementaire se prépare, mais tous les conducteurs ne l’ont pas encore emprunté.

La question du devenir du diesel reste ouverte. Les analyses divergent, mais un constat s’impose : si les ventes neuves se contractent, le marché de l’occasion ne lâche pas prise. Tant que pièces détachées et modèles restent accessibles, les adeptes du diesel tiennent bon, quitte à naviguer à contre-courant des nouvelles normes.

Quelles évolutions dans la construction des voitures diesel ces dernières années ?

Face au défi du moteur diesel, la construction automobile a su rebondir. Les équipes de Peugeot, Citroën, Opel, Fiat, Ford ou Volkswagen n’ont rien laissé au hasard : chaque nouvelle norme Euro a forcé l’innovation. Catalyseurs SCR avec injection d’AdBlue, systèmes de dépollution pointus, injection haute pression, la technologie a franchi un cap majeur. Les dernières générations BlueHDi ou Multijet en sont l’illustration.

Les moteurs diesel modernes affichent désormais des rendements impressionnants, une consommation maîtrisée, et surtout des émissions de NOx et de particules nettement abaissées. Des filtres à particules performants, une combustion optimisée : les modèles actuels font oublier les versions anciennes, longtemps pointées du doigt pour leur pollution. Les voitures diesel neuves séduisent encore les flottes, utilitaires et particuliers soucieux de leur budget kilométrique.

Voici quelques-unes des évolutions techniques majeures intégrées ces dernières années :

  • Amélioration des systèmes de dépollution (SCR, filtres à particules, catalyseurs avancés)
  • Injection haute pression plus précise
  • Hybridation légère ou diesel hybride, notamment chez Mercedes ou BMW
  • Optimisation de la gestion électronique du moteur

Les constructeurs allemands, avec Mercedes et BMW, ont même tenté l’hybridation diesel, cherchant à marier sobriété et électrification. Sur le segment utilitaire, le diesel reste incontournable pour les usages intensifs et les longs trajets.

La R&D n’a pas relâché la pression : nouveaux matériaux, moteurs downsizés, turbos à géométrie variable… Les blocs diesel d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux d’il y a dix ans, ni sur le plan technique, ni sur celui du plaisir de conduite.

Décisions politiques et normes environnementales : un tournant pour les motorisations diesel

Depuis plusieurs années, la motorisation diesel doit composer avec une réglementation européenne de plus en plus serrée et des choix politiques affirmés. Les normes Euro se succèdent et s’annoncent toujours plus strictes, la norme Euro 7 en ligne de mire. Les émissions polluantes, oxydes d’azote, particules fines, sont surveillées de près.

Les grandes villes françaises, Paris en tête, multiplient les zones à faibles émissions (ZFE). L’accès aux centres urbains se restreint pour les véhicules diesel les plus anciens, la vignette Crit’Air en main. Le calendrier d’exclusion varie selon les métropoles, mais une tendance se dégage : priorité aux véhicules thermiques récents, mise à l’écart progressive des autres.

La fiscalité vient renforcer ces restrictions. Le bonus environnemental vise surtout les électriques et les hybrides, tandis que les taxes sur le gazole rattrapent peu à peu celles de l’essence. Résultat : le marché automobile change de visage, avec un recul des ventes de diesel neuf et une percée des motorisations hybrides et électriques.

Les constructeurs doivent jongler avec un patchwork réglementaire : chaque pays de l’Union européenne avance à son rythme, la France pousse les ZFE, la fiscalité verte se renforce, et le code de l’environnement verrouille le tout. Le diesel, longtemps incontournable, doit désormais s’adapter à un paysage législatif mouvant qui influence directement la production et l’offre.

Femme faisant le plein dans une station urbaine moderne

L’avenir du diesel dans l’automobile : entre adaptations et incertitudes

Le diesel n’a pas quitté la scène automobile, mais son horizon s’obscurcit. Concurrencé par l’essor du véhicule électrique et de l’hybride, il voit son terrain de jeu se rétrécir. Des groupes comme Stellantis réduisent l’offre diesel sur leurs citadines et SUV compacts, réservant la technologie aux utilitaires et aux gros rouleurs.

L’industrie tente de s’adapter. Les ingénieurs travaillent sur les bio-carburants, le diesel de synthèse, et explorent même l’hydrogène ou l’ammoniac pour donner une seconde vie au moteur à combustion. Mais la mutation industrielle est complexe : la demande de batteries explose, le lithium et le cobalt deviennent stratégiques, la Chine garde la main sur les matières premières.

Si les grandes villes ferment la porte aux diesels anciens, le marché de l’occasion, lui, tient encore. Les professionnels et les conducteurs de longues distances continuent de miser sur le diesel pour son autonomie et son coût d’usage. Pourtant, la valeur à la revente baisse, les assurances ajustent leurs contrats, et la revente s’avère parfois incertaine selon la localisation.

Un retour du diesel ? Peu probable. La transition énergétique s’accélère, portée par la réglementation et la dynamique du marché. Mais sur certains segments, en attendant l’électrification généralisée, le diesel garde quelques arguments. Reste à savoir si la route du diesel s’arrête ici ou réserve encore des surprises, au gré des choix industriels et politiques qui dessineront le futur de l’automobile.

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